Quand j’étais p'tite…
Je suppose que mon enfance a été heureuse. Je me rappelle de plein de choses, mais je n’arrive pas à mettre le doigt sur une impression générale… Je n’étais pas insouciante en tout cas. J’avais peur de tout : de la bombe atomique en priorité, et ensuite, en vrac : des fantômes, de la pollution, des inconnus, des politiciens, des pièces sombres, de vivre en ville, de mon garage, de l’armoire de ma grand-mère, que mes parents ne reviennent pas, que ma maison brule… Je pense pouvoir dire que j’étais une enfant angoissée. Surtout quand on sait que rien d’effrayant ne m’est jamais arrivé… Je n’ai pas rencontré de fantôme. La bombe atomique n’a pas explosé à côté de chez moi. La lumière vive entre mes volets, en pleine nuit, n’était pas celle d’une soucoupe volante mais celle des phares d’une voiture perdue dans la campagne. Aucune main griffue n’est sortie de dessous de mon lit pour m’entrainer dans son antre… Encore qu’une nuit, je me suis réveillée d’un cauchemar en croyant tenir le bras d’un enfant mort, raide et glacé dans ma main. Ce n’était qu’un barreau de lit. Et la vieille sorcière de la maison en ruine, à qui j’avais un jour fait don d’une rose (piquée dans le jardin du voisin) pour qu’elle m’aie à la bonne et ne me jette pas un mauvais sort, même elle s’est avérée n’être qu’une vieille dame solitaire, inoffensive.
Bon, ok, j’ai pas trop changé finalement, puisqu'il y a un an encore...