Mon voisin le tueur

Pour la première fois depuis juin dernier, date de mon installation dans mon coin de château, j’ai croisé mon voisin dans le couloir...

Avec Amoureux on avait imaginé tout un tas de trucs à propos de ce type (cette femme ?) qui vivait seul dans un minuscule appartement sous les toits, avec seulement deux velux pour l’éclairer, et plein sud qui plus est (on imagine le four là-dedans pendant l’été). Il ne faisait jamais aucun bruit, sauf très tôt le matin pour aller travailler… On ne l’entendait jamais rentrer, ni parler, parfois tousser, aucun ami ne venait le voir… Quand on était d’humeur optimiste, on pensait à un homme courageux qui travaillerait dans la Cité inconnue durant la semaine, pour aller retrouver son aimée et sa marmaille durant le week-end et les vacances dans leur belle maison bien éclairée et climatisée… Parfois aussi on imaginait un type solitaire, qui tous les jours accomplirait les mêmes gestes répétitifs et inutiles, qui a pour seuls amis Ruquier et sa bande, qui ne voit jamais personne, qui n’a même pas de chat, et que la solitude va bientôt rendre fou. Si ça se trouve il construit déjà sa bombe, sous la faible lumière des velux.

Hier, le voile est tombé, comme chez Bataille et Fontaine (j’ai de sacrées références moi aujourd’hui) : je l’ai vu. Et reconnu, puisque je l’avais déjà croisé : c’est le fou qui parle tout seul dans les rues et qui me faisait peur quand j’allais chercher mon pain tard le soir...

Après un rapide examen, j’en ai conclu que la deuxième solution – celle du tueur psychopathe, pour ceux du fond qui ne suivent pas – était sans aucun doute la plus plausible.

Maintenant j’ai peur.